Intronisations au Temple de la renommée du football des Gee-Gees : portrait de Don Burns
La cuvée 2023 du Temple de la renommée du football des Gee-Gees comprendra quatre redoutables défenseurs et un receveur ayant fracassé des records. Ettore Lattanzio, Frantz Jacques, Michel Dupuis, Mike Hendricks et Don Burns seront intronisés le samedi 22 avril, lors du Week-end Touchdown.
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Don Burns : capteur d'étoiles
Bien avant que Don Burns n'imprime sa marque dans l'histoire du football universitaire canadien, Cam Innes, alors nouvel entraîneur-chef en tournée de recrutement, décèle le potentiel du jeune receveur éloigné lors d'un match des étoiles d'une école secondaire de Toronto.
« Je m'en souviens très bien », affirme Burns, près de quarante-cinq ans après le match qui le mènera à Ottawa. Jusque-là, Burns brillait dans le rôle d'ailier rapproché de St. Mike's, mais lors du match des étoiles, on lui demanda de recevoir les passes sur les lignes de côté. « J'étais un poisson hors de l'eau, admet-il. Je n'ai capté aucune passe. Pas une. C'était vraiment frustrant. » Et pourtant, Innes l'a abordé.
« Il m'a dit qu'il aimait ma façon d'attraper, se rappelle-t-il. C'était ce que j'avais besoin d'entendre – il avait le don de parler aux gens. J'ai senti qu'il était quelqu'un pour qui je voulais jouer, et ainsi débuta une grande amitié. Il m'avait montré qu'il avait confiance en mon potentiel, et je ne voulais pas le décevoir. »
Bientôt, Burns encaisse les coups de la redoutable défense des Gee-Gees sur le terrain rocailleux du complexe Minto, et apprend le rôle de receveur éloigné.
« Quand on s'exerce à longueur de journée contre une défense exceptionnelle, impossible de ne pas s'améliorer, ajoute-t-il. J'apprenais à la meilleure école, alors face aux autres équipes, j'étais prêt. Vraiment, j'adorais ces batailles à l'entraînement. Tu pouvais le sentir que tu t'améliorais. »
Burns passe l'essentiel de la saison 1978 – sa première en gris et grenat – sur les lignes de côté, alors que Phil Pilon et Joel Baldwin se partagent la grosse part du travail. « C'étaient les vétérans, je les observais et j'apprenais, déclare-t-il avec déférence. Une bonne chose pour moi – on apprend beaucoup en compagnie de mentors. »
« Qu'on me laisse les restes ne me dérangeait pas, précise-t-il. Je savais que mon tour viendrait. Ils ont veillé à ce que nous apprenions autant que possible – nous n'étions pas des rivaux, mais des amis. C'était ça, l'essence de l'équipe. »
Cette cohésion commence à porter ses fruits en 1979, alors que Burns multiplie les passes captées et les verges parcourues. À sa 2e saison, il enregistre 442 verges en 14 réceptions, dont 5 touchés. Il termine aussi au premier rang de l'équipe pour les verges de retour.
« On s'améliorait à vue d'œil, dit-il. On gagnait de plus en plus. Cam et les autres entraîneurs avaient un excellent plan, mais il a fallu le répéter souvent, souvent, pour que ça paye. Il fallait apprendre à être une équipe. »
Le déclic a lieu en 1980. « Notre équipe était formée de joueurs avec du caractère, note-t-il. Dès le départ, je savais qu'on se débrouillerait bien. On avait du plaisir à jouer. » D'ailleurs, Burns et le quart-arrière Rick Zmich formaient déjà, à cette époque, le duo soudé qui établira deux ans plus tard un record universitaire canadien.
À la Coupe Dunsmore de 1980, après une autre saison brillante, Burns déjoue la défensive adverse et se retrouve seul pour capter l'ultime passe, longue de 47 verges; il jogge ensuite vers la zone de toucher, assurant aux Gee-Gees une victoire de 13-10. Il ajoute un autre touché à son palmarès à l'Atlantic Bowl, et ouvre le pointage pour Ottawa au College Bowl, sous les encouragements du contingent de partisans de St. Mike's, sa ville natale.
Toutefois, son plus beau souvenir de 1980 n'est pas une passe captée, mais ses blocages lors de la victoire à l'Atlantic Bowl : « Je me souviens de Mike Giftopoulos –une vraie fusée sur le terrain. Il était doué, j'adorais le regarder courir avec le ballon. J'ai connu un grand match en bloquant pour lui. »
« L'un des moments dont je suis le plus fier, poursuit-il, c'est quand j'ai reçu le prix Rhino pour le meilleur coup du match, une récompense toujours décernée à des défenseurs. Nous affrontions Queen's, et c'était Gifto ou Brock Bundy qui émergerait du coin; j'ai mis le défenseur dans ma ligne de mire, et je l'ai bloqué avec l'épaule aussi fort que possible. C'était tellement réussi que je me suis dit que c'était l'une des plus belles sensations au monde. Tout le monde a ri quand on m'a décerné le prix le lundi, à la lumière de la vidéo. »
Burns recevra d'autres prix au cours de sa dernière année. Il est repêché au 12e rang de la LCF en 1981, mais revient chez les Gee-Gees. Il est nommé au sein de l'équipe d'étoiles canadiennes en 1982 après avoir enregistré 60 réceptions en 742 verges et 6 touchés, durant une saison régulière parfaite pour les Gee-Gees. Ses 60 réceptions constituent alors un record universitaire canadien, qui ne sera battu qu'en 2003; cette performance demeure à ce jour la deuxième meilleure de l'histoire des Gee-Gees.
Comme le disent ses coéquipiers Jim Redfearn et Brent Walker : « Il y a les bons joueurs qui contribuent au succès de l'équipe, et il y a les joueurs exceptionnels, capables d'élever le niveau de toute l'équipe. Don fait partie de cette catégorie. »
« Ce garçon svelte avait une rapidité déroutante, précisent-ils dans la candidature de Burns pour le Temple de la Renommée. Sans oublier son amplitude à la verticale, et son agilité remarquable – si un ballon se trouvait près de lui, il l'attrapait! Et pour couronner le tout, après un plaqué fracassant, Don se relevait, lançait le ballon à l'arbitre et retournait au caucus en joggant, comme si de rien n'était. »
Il termine ses cinq ans de carrière chez les Gee-Gees en tant que premier membre du club des 2 000 verges d'Ottawa, et reste à ce jour troisième au classement de l'équipe. Nommé dans l'équipe d'étoiles de la conférence en 1980 et en 1982, il a su frayer son chemin vers la zone des buts avec une régularité légendaire.
« J'étais redoutable pour capter les longues passes, et doué pour attraper un ballon, en plus d'aimer ça profondément, affirme-t-il. Un bon entraîneur te donne les moyens de gagner. Tu répètes le tracé, encore et encore, et puis boom, tu réussis une échappée de 60-70 verges. »
Et puis boom, Burns retourne à Toronto pour près de quarante ans, où il s'immerge dans le monde des affaires. « Personne ne savait où j'étais », affirme Burns au sujet de ses anciens coéquipiers. Ils finiront par le trouver et le sortir une fois de plus des lignes de côté.
En 2015, l'équipe de 1980 se réunit à l'occasion du match Panda. C'est par l'entremise d'un cousin que l'on réussit à contacter Burns. Comme il a toujours adoré ces matchs riches en adrénaline, il sait qu'il ne peut manquer ça.
« Je garde tellement de bons souvenirs de l'Université d'Ottawa, il était plus que temps de renouer avec l'équipe, explique-t-il. On a juste une vie à vivre, après tout. »
« J'étais un petit gars de Toronto, lance-t-il en se remémorant sa décision d'étudier à l'Université d'Ottawa. Tous mes amis vivaient à Toronto. Mon père m'a encouragé à choisir une université dans une autre ville que Toronto, et ce fut une belle expérience. »
Burns a récemment été embauché à Ottawa, faisant ainsi écho à sa décision de 1978. Après s'être marié en 2020, il se sent maintenant chez lui à Kanata. Et l'écho de son passage chez les Gee-Gees persiste dans le livre des records.
Don Burns est le quatrième membre de l'équipe de 1980 à faire son entrée au Temple de la renommée à titre individuel. L'équipe a été intronisée à titre collectif en 2022.