Les joueuses de soccer redonnent en tant qu’entraîneuses
Steve Johnson affirme avec fierté que plus d'une douzaine de membres de l'équipe soccer féminin des Gee-Gees entraînent des jeunes dans leur ville natale.
« C'est formidable », se réjouit l'unique entraîneur-chef de l'histoire du programme. « Elles sont de véritables modèles comme personnes, et elles possèdent aussi l'expertise. Elles jouent au plus haut niveau canadien. Les jeunes peuvent très certainement s'identifier à elles. »
Au Canada, chez les préadolescentes et les filles du secondaire, on déplore un abandon du sport nettement plus élevé que chez les garçons des mêmes tranches d'âge. Un faible sentiment d'inclusion et d'appartenance explique notamment ce phénomène, selon Femmes et sport Canada.
Néanmoins, c'est l'idée de travailler avec des jeunes et d'aborder le sport sous un autre angle qui incite bien des Gee-Gees à se lancer comme entraîneuses.
« Ce qui me motive, c'est de voir les filles progresser », explique Trinity Esprit, qui a entraîné une équipe compétitive à Toronto. « J'ai été avec l'équipe pendant un an avant de partir aux études. Ça a été fantastique de voir les jeunes prendre confiance avec le ballon et s'amuser. J'ai eu du plaisir à travailler avec elles chaque semaine. »
« J'ai été entraîneuse bénévole au cours de l'été, et j'ai vraiment aimé ça », raconte Sadie Sider-Echenberg, étoile des SUO en 2021 et entraîneuse à la Futuro Soccer Academy. « J'avais déjà travaillé avec des enfants, et, comme le soccer me passionne, tout s'est fait naturellement. »
Beaucoup de clubs de soccer ont adopté des programmes élite s'adressant à une clientèle jeune. Elise Lacoste, étoile universitaire canadienne U SPORTS en 2020-2021, a justement fait ses débuts comme entraîneuse dans un tel cadre.
« C'est très différent de ce qu'on peut vivre comme joueuse de haut niveau », relève-t-elle. « Avec les jeunes, le plaisir et l'agrément passent en premier. L'aspect compétitif est secondaire. En tant qu'athlète, je trouve le côté ludique bien rafraîchissant. »
Lacoste est même allée plus loin en créant l'initiative Inspire avec l'Association de soccer de Pierrefonds, qui permet aux membres des équipes du club d'assister aux matchs de la formation féminine semi-professionnelle de l'endroit.
« Nous cherchons à inspirer et fidéliser les jeunes au soccer en les invitant à voir des filles de calibre supérieur à l'œuvre », soutient-elle. « C'est vraiment triste que le taux d'abandon du sport chez les adolescentes soit si élevé. »
Au cours de la dernière décennie au Canada, l'augmentation du nombre d'entraîneuses au soccer a été constante, ce qui fait contraste avec l'époque où les Gee-Gees formaient la relève en club.
« Je ne pense pas avoir jamais été entraînée par des filles », souligne Trinity Esprit, membre de la formation championne du monde de la FISU en 2019. « Il était même rare de voir des filles adjointes à l'entraîneur, mais, ne serait-ce que pour avoir une oreille différente de celle d'un homme, j'aurais trouvé cela fort utile. Je me réjouis de voir autant d'entraîneuses de nos jours. »
« Pour se développer, le sport féminin doit compter sur des entraîneuses », résume Elise Lacoste, une ancienne joueuse des Martlets de McGill. « La représentation compte. Il est si important de voir des modèles féminins forts au sein des équipes d'entraînement et même chez les arbitres. »
Heureusement, la prochaine génération de l'élite canadienne pourra compter sur nombre d'entraîneuses.
Outre les joueuses actuelles, des anciennes de l'équipe de soccer féminin s'investissent également dans leur communauté. Kim Gamble, membre de la formation championne nationale de 1996, est la directrice générale de l'Ottawa City Soccer Club, tandis que Sophie Curtis (championne nationale en 2018) est entraîneuse au Ottawa Internationals Soccer Club.
Les anciennes Kristina Farrant, Julie Gareau, Daniella Vella et Sula Karsli dirigent quant à elles les équipes de leurs enfants. Il est assez nouveau que des femmes remplissent de telles fonctions. Fait intéresant, au moins deux anciennes Gee-Gees ont entraîné des joueuses qui allaient plus tard porter les couleurs de l'Université d'Ottawa. En effet, Sheila McSwiggan (Forrest) a entraîné Julia Tardioli, Julia Rosenthal et Micha Salhanny alors qu'elle enseignait à l'école secondaire St. Mother Teresa. Kristina Farrant a de son côté dirigé Kayla Jones à l'école secondaire de Nepean.
« Comme je l'ai observé durant ma carrière d'entraîneur, le soccer féminin a connu tout un essor ces 30 ou 40 dernières années », fait remarquer Steve Johnson. « Aujourd'hui, les filles peuvent redonner à leur sport et à leur communauté, mais, en plus, elles parviennent souvent à gagner leur vie dans le domaine. »
« Elles comprennent bien les aspects tactique et technique et elles sont en mesure de les enseigner. »