Intronisations au Temple de la renommée du football des Gee-Gees : portrait de Michel Dupuis
La cuvée 2023 du Temple de la renommée du football des Gee-Gees comprendra quatre redoutables défenseurs et un receveur ayant fracassé des records. Ettore Lattanzio, Frantz Jacques, Michel Dupuis, Mike Hendricks et Don Burns seront intronisés le samedi 22 avril, lors du Week-end Touchdown.
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Tout est encore possible avant la fin du match
Nous sommes en 1995, au camp d'entraînement des Gee-Gees. Michel Dupuis, jeune secondeur recrue, entend son entraîneur l'appeler. Il se tourne alors pour lui répondre… et met le pied dans un trou du terrain de gazon. Sa cheville est tordue. Lorsqu'il tente un retour à l'entraînement plus tard dans la saison, alors que son équipe s'apprête à décrocher son premier de trois titres de la CQIFO consécutifs à la Coupe Dunsmore, il se casse le poignet.
Cinq ans plus tard, nous sommes maintenant le 2 décembre 2000. Michel Dupuis suit son destin : sur la scène du SkyDome, il tient la Coupe Vanier.
Ses parents sont dans les gradins pour l'occasion, comme ils l'ont été pour la majorité de sa carrière sportive. Le joueur était resté dans son patelin de Saint-Jean-sur-Richelieu pour le cégep, remportant le Bol D'Or en 1992 avec les Géants à la première de ses trois saisons dans l'établissement.
« Sans le football, j'aurais probablement lâché l'école, raconte-t-il en se remémorant ses années précollégiales. Mais je voulais continuer à jouer. C'est pour ça que je suis allé au cégep. Pourtant, le conseiller d'orientation de mon école secondaire m'avait dit de ne pas y aller et de faire un diplôme d'études professionnelles. Mais on m'a accepté. »
En 1995, après avoir remporté le titre de joueur défensif de l'année et travaillé à maintenir de bonnes notes, Michel Dupuis est prêt à partir à la conquête de nouveaux horizons. « Pour être honnête, je ne connaissais pas très bien l'Université d'Ottawa, parce que j'étais concentré sur mon parcours et sur mes efforts sportifs pour les Géants. Je voulais vivre de nouveaux défis, donc j'ai choisi d'aller à l'université et, à l'époque, l'Université d'Ottawa était l'établissement le plus proche à offrir à la fois du football et un programme d'études en français. Ma famille pouvait se rendre aux matchs – elle a d'ailleurs assisté à la plupart d'entre eux. C'était très spécial. »
« J'ai été chanceux d'aller à Ottawa. Pendant mes six années là-bas, les équipes étaient vraiment fortes », souligne-t-il. En 1996, Michel Dupuis est souvent un élément de la défense de son équipe – il l'aide notamment à obtenir un autre titre de championne de la CQIFO. Il cumule 24 plaqués en saison régulière et tient McGill en échec toute la deuxième demie de la Coupe Dunsmore, que l'équipe remporte 20-11.
Il se rappelle l'Atlantic Bowl de 1996 comme si c'était hier et, surtout, il se rappelle le lendemain du match. « Pendant le match, il ventait énormément. Ça a vraiment influencé son déroulement, parce que notre équipe était axée sur la passe [meilleure fiche à l'échelle du pays], et nos adversaires ont gagné grâce à de longs placements aidés par le vent. » St FX a réussi deux de ses quatre placements à 47 verges et le match s'est terminé 13-5. « Quand on s'est réveillés le lendemain, il n'y avait absolument aucun vent », rigole aujourd'hui Michel Dupuis.
En 1997, son équipe progresse aux autres étapes, s'emparant de la Coupe Dunsmore, puis du Churchill Bowl sur le chemin de la Coupe Vanier. Comme l'ancien joueur le raconte : « C'était incroyable de se rendre à la Coupe Vanier. L'année avait été tellement difficile, et on y est quand même arrivés. »
Il se rappelle plusieurs remontées marquantes en 1996 et en 1997, et les jeux décisifs de Chris Evraire et Ousmane Tounkara, également intronisés au Temple de la renommée. « C'était fou de savoir que rien n'était fini tant que le temps n'était pas écoulé. »
Le secondeur a lui-même des jeux mémorables à son actif : en 1997, il joue aux trois positions de secondeur et enregistre 36 plaqués, le cinquième plus haut total de l'équipe. Il lance une remontée lors de la saison régulière, parcourant 36 verges après une interception pour marquer un touché, remontant ainsi le score de son équipe à 7 contre McGill, qui menait avec 17 points. Les Gee-Gees finissent par gagner le match.
« Où je joue ou contre qui, ça ne me dérange pas. Je veux être sur le terrain et contribuer à l'équipe », lance celui qui était aussi spécialiste des longues remises lors de ses trois dernières saisons, en plus d'occasionnellement être responsable de la pression sur le quart. « Ça ne m'énerve pas de changer de position. Si c'est pour le bien de l'équipe et pour m'aider à me perfectionner, je n'ai aucun problème avec ça. »
1998 : Dupuis mène les Gee-Gees au chapitre des sacs du quart et est troisième aux plaqués, atteignant la meilleure fiche de sa carrière avec un total de 43,5 en saison régulière, alors que l'équipe tente un retour à la Coupe Vanier.
« Je n'étais pas le plus grand parleur de l'équipe… Je voulais montrer l'exemple en travaillant fort et en démontrant ma fiabilité. C'est dur à expliquer. La loyauté qu'on a envers l'équipe – on a un travail à faire, et rendu là, autant faire de notre mieux et aider les autres à s'améliorer aussi. On doit se concentrer sur ce qu'on est en mesure de contrôler, et laisser faire le reste. »
En 1999, Michel Dupuis doit encore composer avec des blessures. Cette fois-ci, c'est plus qu'une histoire de trou dans le gazon. Pendant la saison régulière, il couvre un revirement à la suite d'une tentative de placement et se blesse au ligament croisé antérieur. Il est opéré en décembre.
Encore une fois, le joueur est chanceux dans sa malchance. « Maxime Dufault a eu la même blessure que moi, la même année, et on s'est fait opérer à quelques semaines de différence. On a fait notre réadaptation et nos entraînements en même temps. On a travaillé fort pour se renforcer les genoux. » La réadaptation de Michel Dupuis se déroule assez bien : il peut se présenter au camp d'entraînement des Tiger-Cats au printemps 2000, mais, son genou encore un peu fragile, il revient avec les Gee-Gees pour la saison suivante.
« Je savais que c'était ma dernière année. Je voulais aller jusqu'au bout. Je ne voulais pas revenir les mains vides, je voulais pouvoir tenir le trophée, se souvient Michel Dupuis en mentionnant la Coupe Vanier. On avait tous joué ensemble déjà, et tous les entraîneurs étaient à fond et motivés pour qu'on se rende encore là où on avait terminé l'autre saison. Avec les efforts de toute l'équipe, on a réussi. »
Les Gee-Gees sont parmi les meilleurs de la ligue à la saison 2000, tant à l'attaque qu'à la défense. Ils cumulent au cours des huit matchs de la saison régulière une fiche de points de 292-52. « Notre équipe cette année-là était incroyable. La défensive était la plus forte de toutes mes années sur le terrain », s'exclame fièrement l'ex-joueur.
Les Gee-Gees commencent leur saison avec des victoires écrasantes de 35-1 et 24-0 sur la route, avant de s'incliner 14-9 devant Laval à la troisième semaine. « Notre défaite contre Laval nous a rappelé que le moindre manque de concentration peut nous coûter le match, confie Michel Dupuis. Notre mot-clé était " kaizen " – ça nous aidait à garder les yeux rivés sur notre objectif. »
Ottawa conclut cette année-là sa saison régulière avec une fiche de 7-1, avant de gagner ses deux matchs de la CQIFO haut la main, puis de battre McMaster par la marque de 20-15 pour atteindre la finale de la Coupe Vanier. Michel Dupuis enregistre 32 plaqués avant les éliminatoires, concluant sa carrière chez les Gee-Gees avec 150,5 plaqués en saison régulière.
La voix de l'ex-joueur s'emballe alors qu'il raconte la victoire à 42-39 de l'équipe au championnat national : « Une chance qu'on avait bien commencé le match! rit-il. On savait que l'équipe adverse était forte en remontées et c'était tout un match, avec des joueurs extraordinaires des deux côtés. » Michel Dupuis cumule sept plaqués pendant le match.
« Le sentiment d'accomplissement… C'était fou de tenir le trophée. Tout notre travail, tous nos sacrifices – cette série de victoires, c'était la meilleure façon de conclure ma carrière universitaire. Notre équipe cette année-là était incroyable. Quand on se revoit, c'est comme si le temps n'avait pas passé – notre lien est très fort. Tout le monde collaborait – c'était vraiment une équipe qui travaillait les coudes serrés pour accomplir son objectif. »
L'équipe a continué d'être synonyme de bonne fortune pour l'ex-joueur. Quand il s'est présenté à Winnipeg pour la saison 2001 de la LCF après avoir été repêché comme agent libre, il a été congédié à la suite des tests médicaux, à son plus grand étonnement. Il avait passé une semaine à l'hôpital en 1999 et reçu un diagnostic de sclérose en plaques. Il avait célébré avec la Coupe Vanier, sans avoir éprouvé de symptômes, et il n'en présente d'ailleurs toujours pas depuis 1999, après 10 ans sous médication. Or, à l'époque, les Blue Bombers refusent de l'accueillir.
Danny Laramée, le coordonnateur défensif des Gee-Gees, vient à son secours. « Il savait qu'on cherchait un spécialiste des longues remises à Toronto, et il a fait des appels pour m'aider, se souvient l'ancien joueur. Une semaine et demie après que Winnipeg m'ait congédié, alors que je venais de vivre une semaine pleine de confusion et d'insécurité, Toronto m'a donné la chance de jouer. Et j'étais bien content d'avoir l'occasion de me prouver. C'était extraordinaire d'arriver dans la LCF. »
Il reste trois saisons dans la ligue, jouant pour Toronto et Calgary avant de revenir près d'Ottawa et de Gatineau. Il travaille maintenant depuis quatorze ans au Service de protection parlementaire.
Michel Dupuis rejoint quatre de ses anciens compatriotes de la Coupe Vanier 2000 déjà intronisés au Temple de la renommée du football des Gee-Gees : le quart-arrière Phillippe Côté et les joueurs défensifs Steve Alexandre, Mark Pretzlaff et Lukas Shaver. Avec le demi de coin Frantz Jacques, qui sera intronisé en même temps que Michel Dupuis, l'équipe en sera à six membres récompensés.
Fait rarissime : Michel Dupuis fait partie des trois seuls joueurs des Gee-Gees intronisés à avoir été de quatre équipes gagnantes des championnats de la conférence. Il rejoint Alan Scanlon et Paul Desjardins, vainqueurs aux championnats de l'Association sportive Ottawa–Saint-Laurent dans les années 1960. Les Gee-Gees ne pratiquent plus sur des pelouses parsemées de trous, mais on dirait tout de même que celles-ci peuvent parfois avoir du bon.